Nombre de
responsables d’institutions muséales et d’experts en patrimoine dans le monde
islamique ont souligné la nécessité de tirer profit de la révolution technologique
et des applications de l’intelligence artificielle, en vue de rénover les
musées dans le monde islamique et gérer les risques qui les menacent. Ils ont
également mis l’accent sur la nécessité de numériser le patrimoine et de créer
des bases de données qui comprennent toutes les collections des musées, afin de
permettre au public d’accéder aux biens culturels exposés, soit à travers les
sites électroniques ou les visites virtuelles sur les réseaux sociaux.
Ces propos
relèvent du webinaire académique international sur « Les nouvelles
technologies au service de la gestion des risques et crises auxquels les musées
dans le monde islamique sont confrontés », que l’ICESCO a tenu le 30 Septembre 2020 par visioconférence en
coopération avec le Conseil international des musées (ICOM), à l’occasion de la
célébration de la Semaine des musées et de la Journée du patrimoine dans le
monde islamique.
Lors de la
séance d’ouverture, Dr Salim M. AlMalik, Directeur général de l’ICESCO, a
annoncé que l’Organisation allouera 1 million de dollars pour la restauration
des biens muséaux de 30 musées touchés par les différentes crises dans les pays
islamiques. Il a également appelé les pays, institutions gouvernementales et
parties chargées des affaires patrimoniales à prendre les mesures nécessaires
pour la réouverture des institutions muséales et la sensibilisation du public à
l’importance de la conservation des musées.
Dans son
allocution prononcée lors de cette séance, S.A. la Princesse Dana Firas,
Présidente de l’ICOMOS Jordan, a indiqué que la technologie fait partie
intégrante des mécanismes et moyens de préservation du patrimoine, en prévenant
que 96% des sites patrimoniaux sur la côte méditerranéenne sont en péril. De
son côté, Dr Mohamed Oul Amar, Directeur général de l’ALECSO, a précisé que 3%
seulement du contenu artistique international est d’origine arabe, en
soulignant que 90% des musées du monde ont fermé leurs portes pour des
différentes périodes (soit 85.000 musées) pendant la crise de COVID-19. Il a
également ajouté que cette dernière est un moteur à même d’accélérer la
transition vers la numérisation. Par ailleurs, M. Ech Cherki Dahmali,
Vice-président de l’ICOM arabe, a souligné que les pays islamiques doivent
coopérer avec les musées dans les quatre coins du monde.
Ensuite, a été
lancée la première séance intitulée : « Les nouvelles technologies au
service de la gestion des risques dans les institutions muséales » qui a
été modérée par Dr Mohamed Zin El-Abidine, Directeur du Secteur de la Culture
et de la Communication à l’ICESCO, et Dr Abdelilah Benarafa, Conseiller du
Directeur général aux Affaires culturelles. Lors de cette séance, Dr Hussein
Kamal, Directeur général des Affaires de conservation dans le Grand Musée
égyptien, a indiqué que le Centre de restauration des antiquités relevant de ce
Musée a formé 120 restaurateurs et vise à être un centre de formation des
cadres dans la région du Moyen-Orient.
Dr Stefano
Carboni, PDG de la Commission saoudienne des Musées, quant à lui, a déclaré que
l’on œuvre actuellement à l’élaboration d’un registre numérique des biens
exposés dans les musées saoudiens, en soulignant que la numérisation du
patrimoine permet de préserver les collections des musées. Ensuite, Dr Fatma
Naït Yghil, Directrice du Musée national de Bardo en Tunisie, a annoncé que le
Musée a créé une application numérique mobile en technique de réalité
augmentée, ainsi qu’une autre application dédiée aux non-voyants. Pour sa part,
Dr Hamady Bocoum, Directeur du Musée des civilisations noires, a appelé
l’attention sur la nécessité d’utiliser les langues africaines sur internet, en
ayant recours à la numérisation et aux technologies sonores pour faciliter
l’accès des analphabètes aux informations en langues locales. Il a également
souligné l’importance de numériser le patrimoine culturel oral et le partager
avec le reste du monde.
De son côté, Dr
Saad Abd El-Hedi, Secrétaire adjoint du Conseil d’administration de l’Institution
et Musée Mahmoud Darwish en Palestine, a mis l’accent sur le recours des musées
à la technologie, vu que la plupart d’entre eux proposent des visites
virtuelles interactives, à l’instar du Musée Mahmoud Darwish. De même, Dr Ahlam
bint Yaaqub Al-Aghbariyah, Directrice du Département des technologies de
l’information au Musée national de Muscat, a dit que le Musée compte créer, en
coopération avec Huawei, un robot qui guide les visiteurs dans le cadre du
respect de la distanciation physique. Elle a également évoqué la mise en place
d’un système très développé pour le transfert des collections du musée en cas
de danger.
La deuxième
séance quant à elle a été tenue sous le thème : « Les solutions
alternatives pour la gestion des musées et salles d’exposition dans le cadre du
protocole sanitaire de COVID-19 » et modérée par l’Ambassadeur Khalid
Fathalrahman, Directeur du Dialogue et de la Diversité culturelle à l’ICESCO.
Dr Faisal bin Mohammed al-Sharif, ancien Directeur du Musée de la Mecque, a
pris la parole en premier et indiqué que la Mecque constitue un musée à ciel
ouvert, car chaque coin de cette ville raconte une histoire sur la vie du
Prophète, paix et salut sur lui. Il a aussi présenté certaines propositions
pour l’organisation de visites lors de cette pandémie.
En outre, Dr
Sabah Abdel Razek, Directrice générale du Musée égyptien à Tahrir, a déclaré
que le Musée a permis l’accès au public via les réseaux sociaux, à travers des
visites virtuelles avec l’assistance des guides touristiques. De son côté, Dr
Hugues Tchana Heumen, Directeur du Musée national camerounais, a dit que les
moyens numériques sont limités et que son Musée a décidé, après la pandémie de
corona, d’opter pour les visites virtuelles pour être plus proche des citoyens.
Par ailleurs,
Dr Abbes Abdel-Mendil, Directeur du Musée des gouvernorats en Irak, a annoncé qu’un
inventaire des collections des musées de l’Irak est en cours d’élaboration pour
élaborer une base de données à cet effet, entretenir les biens endommagés, et
restituer les antiquités volées. Dr Ramata Sawadogo, Directrice du Musée
national à Ouagadougou, Coordinatrice du Centre régional de l’ICESCO au Burkina
Faso, a indiqué que le Centre vise à former les cadres œuvrant dans le domaine
des musées lors de sessions ouvertes à tous les Etats membres, à renforcer les
capacités des professionnels de ce domaine et à fournir des conseils aux Etats
membres afin de protéger leur patrimoine.
A l’issue du webinaire, Dr AlMalik, dans une allocution prononcée en son nom par Dr Mohamed Zin El-Abidine, a exprimé ses remerciements aux participants et salué leurs expertise et idées.