Le Colloque « Traduction et sécurité » appelle à développer les mécanismes technologiques et linguistiques et à consolider la complémentarité entre les instances sécuritaires et les traducteurs
7 juillet 2025
Les participants au Colloque international « Traduction et sécurité : Rôle de la traduction dans le renforcement de la sécurité nationale et internationale », tenu les 2 et 3 juillet 2025 au siège de l’Organisation du Monde Islamique pour l’Éducation, les Sciences et la Culture (ICESCO), en partenariat avec l’Université arabe Naif des sciences de la sécurité, ont présenté dix recommandations principales issues de cinq séances et d’un atelier de formation spécialisé, au cours desquels 24 chercheurs de 13 pays ont présenté des communications scientifiques et les ont soumises à examen, portant sur les meilleurs mécanismes et pratiques liés à la traduction sécuritaire.
S’inscrivant dans les cinq axes du Colloque, dont le premier était intitulé : « Traduction en situation de crise et promotion de la sécurité nationale et internationale », les recommandations ont porté sur la création de centres nationaux spécialisés en traduction sécuritaire, relevant des autorités sécuritaires compétentes et chargés d’harmoniser les concepts et la terminologie dans ce domaine, de former un personnel qualifié apte à répondre aux besoins croissants dans ce secteur, et de souligner le rôle proactif de la traduction dans la surveillance et l’analyse des discours extrémistes dans différentes langues.
Le deuxième axe était consacré à l’examen des « partenariats stratégiques entre les institutions sécuritaires et les traducteurs ». Les recommandations y afférentes ont souligné l’importance de mettre en place des comités de coordination permanents entre les organismes sécuritaires et les centres de traduction, chargés d’élaborer les politiques linguistiques pertinentes et d’échanger les expertises. Il s’agissait aussi d’impliquer les traducteurs dans les équipes de gestion des crises et catastrophes, en leur dispensant une formation multidisciplinaire couvrant les aspects linguistiques et techniques ainsi que les scénarios d’urgence.
Dans le cadre de l’axe « Défis linguistiques et culturels dans la traduction sécuritaire », les participants ont recommandé d’élaborer des glossaires et normes de traduction tenant compte des différences culturelles et politiques dans le traitement des textes sécuritaires, en particulier dans les contextes sensibles. Ils ont appelé à proposer des programmes de formation culturelle et éthique aux traducteurs spécialisés dans la sécurité, afin de les sensibiliser davantage aux contextes locaux et transfrontaliers et de garantir un niveau élevé de sécurité dans l’exercice de leurs fonctions.
Dans le quatrième axe sur « La transformation numérique et son impact sur la traduction sécuritaire », les participants ont souligné l’importance d’adopter des modèles hybrides combinant la traduction automatique neuronale (NMT/TAM) et la l’intervention humaine, en mettant l’accent sur la création de bases de données spécialisées et sécurisées pour former les systèmes intelligents dans le domaine de la sécurité. Les experts ont également appelé à renforcer l’utilisation des outils d’intelligence artificielle dans les environnements non connectés à internet, en concevant des applications de traduction mobiles et sûres pouvant être utilisées dans les régions dépourvues d’infrastructures technologiques.
Abordant la relation entre « traduction et cybersécurité », le dernier axe a recommandé de créer des dictionnaires et terminologies spécialisés en matière de cybersécurité, en coopération entre des experts linguistiques et techniques, afin d’assurer l’exactitude et la cohérence des termes dans un environnement numérique en rapide évolution. Ils ont aussi appelé à intégrer la traduction dans les politiques nationales de cybersécurité.
Ce Colloque est considéré comme un pas décisif vers l’institutionnalisation de la traduction sécuritaire en tant que pierre angulaire de la sécurité globale dans le monde arabo-islamique, et un domaine stratégique exigeant davantage de coopération entre les institutions éducatives et sécuritaires, tant au niveau de la recherche que de la mise en œuvre. Le but est de promouvoir les capacités des États face aux menaces multidimensionnelles.