Appel à s’orienter vers l’avenir lors de la rencontre sur «Les transformations sociales et la prospective stratégique»
5 décembre 2019
**Dr AlMalik : l’ISESCO veille à bénéficier de la pensée proactive reposant sur l’anticipation de l’avenir
**Dr Sall: la prospective stratégique est devenue une nécessité pour la survie et non pas un luxe
L’Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) a tenu hier une rencontre ouverte sur « Les transformations sociales et la prospective stratégique ». Cet évènement a été marqué par une interaction remarquable des participants ainsi que des échanges fructueux sur l’importance de la prospective stratégique aujourd’hui, qui est devenue une nécessité pour la survie et non pas un luxe d’après l’invité de cette rencontre, Dr Alioune Sall, Fondateur et Directeur exécutif de l’Institut des futurs africains en Afrique du Sud.
Au début de cette rencontre, Dr Salim M. AlMalik, Directeur général de l’ISESCO, a prononcé une allocution dans laquelle il a souligné que l’orientation de l’Organisation vers l’avenir dans ses nouvelles visions et stratégie, exige l’anticipation de celui-ci par un raisonnement scientifique, afin de permettre aux Etats membres d’en profiter. Il a également indiqué que l’intérêt porté à ce sujet était la raison derrière la création du Centre de la Prospective stratégique de l’ISESCO.
Dr AlMalik a souhaité la bienvenue à Dr Sall, et salué le sujet de la rencontre tout en ajoutant que l’ISESCO veille à bénéficier des avantages de la pensée proactive, à savoir l’anticipation de l’avenir, et l’économie de l’argent et des efforts, grâce à une préparation proactive aux scénarios futurs anticipés de manière scientifique et réfléchie, permettant aux décideurs de faire le meilleur choix, afin d’éviter de prendre des décisions hâtives et non réfléchies.
Par la suite, Dr Kais Hammami, Directeur du Centre de la Prospective stratégique de l’ISESCO, a souligné la nécessité de diffuser la culture de la prospective dans les pays du monde islamique, en soulignant l’importance de la prospective stratégique à la lumière des transformations sociales importantes que connaissent plusieurs régions et pays du monde, tout en insistant qu’il est nécessaire de distinguer entre la prospective stratégique et la prédiction, et que la prospective repose essentiellement sur une approche scientifique qui analyse le passé, évalue le présent et anticipe le futur.
Avant de commencer son intervention, Dr Sall a précisé qu’il a abordé à plusieurs reprises le sujet de la prospective et son importance en général, cependant, lier ce sujet aux transformations sociales était la raison principale de sa présence et sa participation à cette rencontre, en plus de sa conviction de l’importance du rôle que joue l’ISESCO grâce à son interaction avec les Etats membres, dont plusieurs connaissent des mutations sociales importantes.
Dans son intervention, Dr Sall a précisé que la pensée proactive est présente dans l’histoire et la culture arabo-islamique, et que le monde a changé et plusieurs Etats ont connu une renaissance et un développement. Il a également ajouté qu’il n’existe pas une constance historique, le seul constant est le changement.
Il a également souligné l’importance de l’anticipation du futur et du renouvellement de la production de la pensée et des sciences, tout en mettant l’accent sur la nécessité de d’assimiler le passé pour comprendre e présent et d’avoir le courage pour concevoir les perceptions de l’avenir. Aussi, Dr Sall a ajouté que : « Nous ne vivons pas dans le présent autant le futur et nous ne pouvons pas vivre dans le passé, de même qu’il est nécessaire de comprendre le monde dans lequel nous allons passer le reste de notre vie ».
L’invité a insisté sur la nécessité de distinguer entre la prospective et les prédictions, en indiquant que la prospective repose sur des données, des chiffres et des informations, et revêt une importance particulière dans la mesure où elle examine de façon plus profonde que les prédictions. Il a également appelé les experts de la prospective et les centres de recherche à aider les acteurs à développer et évaluer leurs travaux, dans l’optique d’éviter de prendre des décisions hâtives ou erronées.
« Il est nécessaire de renforcer la capacité de penser, de développer les compétences et d’investir dans les capacités humaines afin de comprendre les risques futures qui nous menacent, afin de survivre et mettre fin à la dépendance » a-t-il ajouté.
Il a également précisé qu’il existe une énorme disparité et un profond déséquilibre entre les pays du Nord et du Sud. « Le continent africain produit 3% du savoir, et représente 10% de la population mondiale », a-t-il déclaré, en appelant à accroitre la production du savoir, et à faire preuve d’ambition, d’éthique et de responsabilité vis-à-vis du présent et de l’avenir.
Dr Sal a appelé les cerveaux émigrés à doter leurs pays d’origine de connaissances et d’expertise, tout en appelant les Etats à les motiver, à regrouper leurs forces et à travailler en harmonie. A cet égard, il a cité le bon exemple de l’Etat du Burundi, qui a su tirer parti de l’expérience de ses citoyens migrants.
Le conférencier a également abordé les problèmes liés à la répartition et la gestion de la croissance démographiques, à la migration et au chômage et les divers scénarios de la prospective, tout en soulignant la nécessité de définir les besoins de la société avant toute anticipation.
Pour sa part, Mme Ramata Almamy Mbaye, Directrice des Sciences humaines et sociales à l’ISESCO, a précisé que l’Organisation a créé le Centre de la Prospective stratégique pour proposer les idées qui pourront servir les Etats du monde islamique et promouvoir le partenariat dans la mise en place de stratégies cohérentes pour réaliser les Objectifs de Développement durable dans ces pays.
Elle a aussi indiqué que l’ISESCO accorde un intérêt particulier à l’analyse des transformations sociales, et œuvre à permettre les jeunes de vivre dignement dans leurs pays sans penser à la migration qui mettra leur vie en péril.
Après l’intervention de Mme Almamy, un débat a été ouvert pour poser les questions à l’invité, qui a été impressionné par le niveau du dialogue.